Pourquoi Claudel aujourd’hui ?

Je ressens de plus en plus notre ère matérialiste occidentale comme un danger grandissant pour notre condition d’hommes et de femmes ; la fraternité bafouée, la vision insupportable de ces êtres allongés à même le sol, près des cafés et des marchands de journaux…

Je désire mettre en place un projet sur Paul Claudel avec ma foi en l’humanité et cela pour plusieurs années. J’ai la sensation qu’il y a des choses précieuses en moi pour mettre en scène Claudel, des choses qui font que ce sera « ma version ». Ce sera sensuel et charnel. De l’eau, du sable, le vêtement mouillé sur le corps nu, les pieds comme la racine des arbres et pas de plafond dans le théâtre… Voilà, c’est ça que je veux, entrevoir le ciel, remettre le théâtre à sa vraie dimension, sacrée comme l’humain est sacré… Nous ne sommes qu’un petit souffle. Quand nous ne serons plus là, qu’aurons-nous laissé et qu’aurons-nous vécu ?

Le cri qui sort de moi aujourd’hui, c’est que, quelles que soient nos convictions, nous sommes des êtres spirituels. Et que faisons-nous de cela ? Comment sommes-nous traités par les puissants ? En occident, nous avons du mal à parler de ce qui nous anime profondément… Le souffle qui nous tient debout… Où parlons-nous de ce qui est invisible ? Où entendre la voix des gens simples qui donnent leur amour ?

Le théâtre peut être ce lieu-là, un lieu d’échanges sur notre réalité d’hommes et de femmes spirituels et charnels. Ces dimensions ne sont pas séparées, mais au contraire reliées dans un puissant mouvement d’harmonie… Cet équilibre, nous le cherchons tous, je crois.

Premières réflexions, février 2007

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